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Retour sur expérience : MOOCs et apprenants

Un problème commun pour les apprenants des Moocs, en particulier cMoocs, est la surabondance de l'information qui vient à eux, de toutes les directions. Il faudrait donc apprendre à entrer dans un apprentissage Mooc qui exige des apprenants à être plus proactifs dans leur éducation et dans la construction de leurs obligations participantes. Il faut s’auto-diriger. Tout le monde peut réussir dans un Mooc en prenant des  mesures et élaborant  des stratégies avant, pendant, et après un Mooc. L’apprenant doit être actif, sa participation à la communauté inscrite au Mooc fait partie intégrante de son apprentissage. Il doit développer des compétences techniques et numériques pour utiliser les outils mis à sa disposition mais il doit aussi utiliser ses compétences en communication et en traitement de l’information (veille, organisation des données, utilisation des réseaux sociaux...).
Des compétences personnelles tels l’esprit d’initiative, une bonne gestion de son temps et une bonne organisation, un bon niveau d’autonomie sont également requises pour réussir dans un Mooc. Dès lors nous percevons que les compétences à mobiliser sont variées pour entrer dans ce type d’apprentissage. Ce qui laisse à imaginer que ce n’est pas un exercice si simple et qu’une attitude active est demandée. Nous comprenons donc mieux que le taux d’abandon peut être élevé pour un public débutant non initié à ces nouveaux fonctionnements. Il faut apprendre à “naviguer” dans cet univers vaste et ouvert. 

Les chercheuses canadiennes Rita Kop et Hélène Fournier ont mis en évidence que pour réussir un Mooc “un apprenant doit posséder un haut niveau d’analyse critique et ne pas avoir d’aversion pour le risque et le changement.” Les participants ont la possibilité de s'engager dans un flux continu de dialogue et d'échange et de réflexion. (en savoir plus)


Des expériences diversifiées


Une autre chercheuse française, Isabelle Quentin (chargée de reherche Ifé, STEF ENS Lyon et Cachan, sur le thème des Moocs depuis 2013), explique que “les retours d’expériences montrent que les expériences des apprenants ne se ressemblent pas. Elles varient d’un apprenant à l’autre et d’un Mooc à l’autre. Il semble donc difficile de généraliser ces expériences". Le contexte, les motivations et le background des apprenants sont des éléments saillants à prendre en compte dans les analyses. 
“Ces nouveaux dispositifs d’éducation en ligne proposent l’accès à des cours sous la forme de capsules vidéos ainsi qu’à des QCM. Ils incitent les apprenants à réaliser des exercices ou des projets qui sont évalués soit entre pairs, soit de manière automatique. Les apprenants ont la possibilité d’interagir entre eux grâce à un ensemble d’outils comme des blogues, des forums ou des groupes créés sur des réseaux sociaux. Grâce à ces interactions, les Moocs peuvent bénéficier (en théorie) de l’engagement actif de centaines de participants qui s’organisent en fonction de leurs objectifs personnels d’apprentissage, de leurs intérêts communs et de leurs connaissances et compétences antérieures. Elle s’interroge sur les motivations des apprenants de Moocs et sur leurs manières de se mettre en activité (évaluations par les pairs, interactions, stratégies personnelles d’apprentissage etc.). Un focus particulier sera fait sur la recherche de méthodes d’analyses spécialement adaptées pour comprendre le fonctionnement des Moocs.”


Les MOOCs : vers une standardisation des apprentissages ?


D’autres chercheurs tel Dominique Boullier (professeur de sociologie à Sciences Po, coordinateur scientifique du MediaLab et directeur exécutif du projet d'innovation pédagogique Forccast) a un avis plus incisif sur les Moocs qui selon lui, “consistent à standardiser l'apprentissage. Or l'enjeu de l'éducation de demain n'est pas de développer un enseignement massif et formaté, mais de développer un enseignement distribué”. 

“Ce qui se joue, c’est la captation du marché de la formation mondiale par quelques marques réputées, un enjeu de taille puisque tout le monde est persuadé que nous sommes entrés dans l’économie de la connaissance qui serait synonyme de formation et de savoirs etc. Alors que la seule connaissance vraiment valorisée dans la comptabilité des entreprises reste les brevets et les marques. Dominique Boullier est très critique sur la massification du savoir au travers des Moocs. Pour lui, les Moocs existent essentiellement pour des raisons économiques sans être révélateurs d’innovation pédagogique”.
Le phénomène Mooc est trop jeune pour préjuger de sa longévité et de son imprégnation dans nos systèmes éducatifs. Sera-t-il un effet de mode ? Réussira-t-il à devenir un modèle pédagogique ? C’est un champ exploratoire qui s’ouvre à nous.
Au-delà des clivages des uns et des autres, il est important de vérifier auprès des apprenants les bénéfices consentis. Malgré une massification des savoirs et une standardisation des contenus reprochés aux Moocs, ils permettent d’accéder rapidement à des savoirs et d’être orientés dans cet accession. La fréquence des Moocs, la diversité des thématiques, la possibilité d’être en entrée permanente assouplissent l’accès aux savoirs qui sont souvent trop encadrés dans un espace temps très délimité. Tous les cursus supérieurs commencent en même temps et le temps scolaire est normé avec des possibilités d’entrée dans des cursus à un moment précis de l’année, il faut attendre souvent une année entière pour entrer dans un programme délivré par l’enseignement supérieur. Cette contrainte est problématique et la rigidité pour entrée dans une formation supérieure est peut-être inappropriée face à un monde qui avance vite et des publics habitués à avoir tout tout de suite. Nous pourrions penser que la formation continue est la réponse à la demande de se former quand on le souhaite, mais là encore la souplesse du système n’est pas réelle, la personne qui veut se former doit souvent  attendre une prise en charge de son employeur ou auto-financer ses formations pour un coût élevé. Les Moocs représentent peut-être les futurs self-service de la formation certifiante ou qualifiante ? Ce qui devrait poser débat est la remise en question à la fois des cadres de la formation initiale et de la formation continue. Si les Moocs permettent de faire bouger les structures des institutions éducatives, ils auront au moins ce mérite de bousculer les cadres existants.

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